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Pays-Bas : La révolution véloculturelle

À vélo, du berceau au tombeau

Fiets nous permet de découvrir que, si le phénomène du vélo est généralisé aux Pays-Bas, il se décline en plusieurs sous-cultures qui marquent les différentes étapes de la vie.

D'abord portés par leurs parents, les enfants acquièrent leur autonomie de cycliste vers l'âge de 7-8 ans. Lorsqu'ils fréquentent l'école élémentaire, ils doivent d'ailleurs tous passer un examen de vélo afin de pouvoir s'y rendre sur leurs deux-roues. À l'adolescence, la bicyclette est synonyme d'indépendance et contribue à la cohésion des groupes d'amis. Au début de l'âge adulte, elle représente le véritable symbole de l'insouciance typique de l'étudiant détaché des nécessités matérielles : on se fait un véritable orgueil de posséder des vélos en mauvais état, rouillés, bruyants et rapiécés de façon artisanale. Ce qui ne les empêche pas pour autant de les surprotéger avec plusieurs cadenas, qui valent parfois plus que le prix de leur engin, le vol étant monnaie courante (900 000 vélos sont subtilisés chaque année aux Pays-Bas). Cette forme de bohème sur deux roues prend fin avec l'entrée dans la vie professionnelle, et il est alors de bon ton d'investir jusqu'à 1000 euros dans une bicyclette. Enfin, à l'âge de la vieillesse, le vélo se conjugue avec la lenteur, la conservation de l'autonomie et l'activité physique continue. Le tricycle devient une option intéressante pour les aînés à l'équilibre défaillant.

Quand culture et politique pédalent dans le même sens

Quand on l'interroge sur les raisons de cette révolution véloculturelle, Arnaud Rousseaux n'hésite pas à qualifier le phénomène de «presque magique». Plus prosaïquement, il explique que  l'omniprésence du vélo dans la culture néerlandaise est due d'une part à une volonté politique portée par des plans d'urbanisme conséquents et d'autre part à l'appropriation réelle du deux-roues par les Néerlandais.

Au début des années 1970, on a prévu la saturation imminente du réseau routier, le parc automobile allant croissant tout comme la densité de la population. «Il y a eu des mesures politiques visant à dissuader l'utilisation de la voiture en ville, notamment une taxe de luxe et une taxe sur le carburant, explique Arnaud Rousseaux. Cela s'est accompagné d'un développement conséquent des infrastructures destinées aux cyclistes. Et la population s'est complètement emparée de ce moyen de transport qu'est le vélo.»

C'est ainsi qu'aux Pays-Bas les villes ont été carrément pensées pour maintenir les voitures à l'extérieur du centre. L'aménagement urbain et les règles de circulation font des cyclistes les rois de la mobilité. «En ville, lorsqu'on se déplace en voiture, il faut compter quatre fois plus de temps qu'à vélo.» De quoi faire réfléchir les gouvernements des autres pays…